Les prix et récompenses d'Isabelle Huppert

 

 

Allocution de Madame Catherine Trautmann prononcée à l'occasion de la remise des insignes de chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur à Madame Isabelle HUPPERT

 

mercredi 29 septembre 1999

 

Chère Isabelle Huppert,

 

Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir aujourd'hui, car vous êtes l'une des comédiennes françaises qui ont le plus contribué au renom international de notre cinéma. J'en éprouve comme une certaine fierté, une indicible complicité, peut-être de femme à femme...

 

On vous dit très forte et très déterminée, et votre carrière montre, s'il en était besoin, combien vous possédez l'une et l'autre de ces qualités. Vous avez su vous préserver, tout en restant proche de votre public, et votre attitude a contribué à donner de vous l'image d'un être un peu mystérieux, dont la réalité va à l'encontre de toutes ces héroïnes un peu folles ou bizarres, quelquefois hystériques, souvent torturées ou meurtrières, que vous avez pris plaisir à incarner.

 

Depuis le début des années 70, où vous êtes apparue dans « Faustine ou le bel été », de Nina Companeez, vous avez tracé votre route avec la même constance, d'un rôle à l'autre.

 

Déjà remarqué par Claude Sautet, Bertrand Blier ou l'immense Otto Preminger, votre talent éclate en 1975, dans des films aussi différents que « Dupont la joie », d'Yves Boisset, et « Le juge et l'assassin », de Bertrand Tavernier.

 

En 1976, « La Dentellière » de Claude Goretta, vous consacre, mais c'est avec « Violette Nozière », de Claude Chabrol, en 1978, que vous devenez une star française. Vous allez d'ailleurs rester fidèle à Chabrol, en interprétant plus tard l'insouciante avorteuse d'« Une affaire de femmes », puis, plus tard encore, la mythique Emma Bovary.

 

Enfin, Chabrol fera de vous l'amorale meneuse de jeu de « La Cérémonie », où le drame se noue dans l'emportement de votre verve comique, et, plus près de nous, la gentille tricheuse de « Rien ne va plus ».

 

Au fil des années, vous avez multiplié les expériences avec des réalisateurs aussi renommés que Godard ou Pialat, sans jamais laisser votre personnage se figer dans le conformisme de la notoriété.

 

Par là, vous demeurez « l'inclassable » du cinéma français.

 

Si je vous revois, immaculée dans la robe blanche de « la Dame aux Camélias », de Mauro Bolognini, cherchant dans le sang des abattoirs cette vie qui fuyait Marie Duplessis, je vous revois aussi, espiègle et vive, amoureuse de Miou-Miou, dans le très sensible « Coup de foudre », de Diane Kurys.

 

Par vos choix artistiques, vous n'hésitez pas à vous mettre en danger, à lancer des paris difficiles dont vous sortez toujours victorieuse : ainsi, dans « L'école de la chair », de Benoît Jacquot, d'après Mishima, où vous campez une femme prise dans la tourmente du temps et de la séduction charnelle.

 

On vous a vu tourner à l'étranger loin de vos attaches, de votre langue, de votre culture. Vous êtes de celles, trop rares, dont la carrière internationale égale leur carrière française, et vous voilà depuis longtemps réclamée par des réalisateurs américains, comme Michael Cimino dans son film mythique, « La porte du paradis », ou Paul Cox, avec « Cactus », Curtis Hanson, avec « Faux témoin ».

 

Votre talent a touché la Russie, avec Igor Minaiev et son film, « L'innondation », ou encore l'Italie, avec les « Affinités électives » de Paolo et Vittorio Taviani...

 

Vous avez désormais une présence internationale qui concourt à la renommée du cinéma français tout entier, pour lequel vous êtes une extraordinaire ambassadrice, mais vous refusez depuis toujours d'être statufiée dans le marbre frelaté d'une starification de magazine.

 

Vous êtes d'abord vous-même, et votre intégrité, votre désir de vous dépasser, d'initier des expériences nouvelles vous amène à tourner avec des réalisateurs réputés difficiles, ou que la critique et le public n'ont pas encore confirmés, mais que vous avez reconnus comme vos pairs.

 

C'est ce besoin de renouvellement, de dépassement, qui vous a, par ailleurs, amenée au théâtre, là où l'on ne vous attendait pas et où l'on a découvert une Isabelle Huppert inconnue.

 

Soudain, loin des artifices du celluloïd, c'était le public de l'Odéon, face à vous, qui vibrait aux tourments travestis d' « Orlando », de Virginia Woolf, mis en scène par Robert Wilson.

 

C'était ce même public qui vous écoutait, en Anglais, interpréter « Mary Stuart » de Schiller, et qui sortait du Royal National Theater de Londres, ébahi des sommets où une comédienne française venait de porter la tragédie d'une reine d'Ecosse.

 

Je citerai encore votre « Jeanne au bûcher » d'Honegger, à l'Opéra de Paris, et l'émotion du public, tandis qu'une frêle jeune femme occupait tout entier de son incroyable présence, la vaste scène de Bastille.

 

Aujourd'hui, votre remarquable filmographie, ainsi que les très nombreuses distinctions françaises et étrangères que vous ont values vos prestations dans des rôles fort divers, vous consacrent parmi les plus grandes, ou parmi les meilleures : choisissez !

 

Car non contente de vous limiter à jouer, vous avez toujours participé à la vie du cinéma, siègeant dans de nombreux jurys de festivals, et prenant part aux travaux de différentes commissions.

 

Ainsi, vous avez été Présidente du Jury de l'Académie Européenne du Cinéma à Berlin, en 1989 ; Présidente de la Commission d'Avances sur recettes, en 1995 ; Présidente de la Délégation française des soirées de Yokohama en 1996 ; Présidente des soirées d'ouverture et de clôture du Festival de Cannes en 1998.

 

Vous vous êtes investie dans ces multiples missions avec tout le professionnalisme, la générosité, et l'intelligence qui vous caractérisent.

 

Aussi, j'aimerais que vous receviez cette décoration comme un témoignage de reconnaissance, pour tout le plaisir que nous ont apporté vos rôles, et pour les joies que vous continuerez longtemps encore à nous donner.

 

Chère Isabelle Huppert, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous faisons chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur.

 

 


1976 : Meilleur Jeune Espoir Féminin en Angleterre pour "LA DENTELLIERE" (Goretta).

1976 (SUZANNE BIANCHETI AWARD) à Londres pour Le Juge et l'assassin

1978 : Prix d'interprétation féminine à Cannes pour "Violette Nozière" de Chabrol.

1978 DAVID DI DONATELL AWARD(Italie) meilleure actrice étrangère pour "LA DENTELLIERE" -

1988 : Prix d'Interprétation Féminine au Festival de Venise "UNE AFFAIRE DE FEMMES" (Claude Chabrol).

1989 Golden Precolumbian Circle remporté au FESTIVAL du FILM de BOGOTA pour son rôle dans "UNE AFFAIRE DE FEMMES"

1991 : Prix d'Interprétation Féminine au Festival de Moscou pour "MADAME BOVARY" (Claude Chabrol)

1991 : Prix d'Interprétation Féminine au Bundespreis de Berlin pour MALINA de Werner Schroeder.

1995 Lumière de la meilleure actrice pour LA CÉRÉMONIE

1995 : Prix de la Meilleure actrice à la Mostra de Venise pour "LA CEREMONIE" (Claude Chabrol).

1996 : César de la meilleure actrice pour "La cérémonie" de Chabrol.

1999 : Légion d'honneur

2000 : prix d'interprétation féminine lors du Festival des Films du Monde de Montréal 2000. Cette récompense vient saluer la collaboration de longue date de Claude Chabrol et Isabelle Huppert, "Merci pour le chocolat" étant leur 6 ème rencontre cinématographique.

2000 Lumière de la meilleure actrice pour MERCI POUR LE CHOCALAT

2001 : Prix d'interprétation féminine à Cannes pour "La pianiste" de Haneke.

2001 : Meilleure actrice européenne

2002 : prix d'interprétation à Berlin pour 8 FEMMES

2002 : Golden Space Needle Award - à Seattle pour son rôle dans "LA PIANISTE"

2002 : Diamond Awards au 59è Festival du Film de Taormina en Italie

2003:DOUGLAS SIRK AWARD à Hambourg pour l'ensemble de son oeuvre

2003 : DONOSTIA AWARD au Festival de San Sebastian pour l'ensembe de son oeuvre

2003 DAVID DI DONATELL AWARD(Italie) meilleure actrice étrangère pour "LA PIANISTE"

2004 : GOLDEN ALEXDANDER HONOR AWARD à Thessalonique pour l'ensemble de son oeuvre

2005 : Isabelle remporte la Lumiere de meilleure actrice 2005 pour son rôle dans Gabrielle, les 11tè Lumiere, sont en France l'équivalent des Golden Globes

2005 Special Lion d'or pour "GABRIELLE"

2006 prix d'interprétation à Berlin pour L'IVRESSE DU POUVOIR