Le Parisien

CULTURE/SPECTACLES, samedi, 5 novembre 2005, p. 33

 

Photographie/

Les 85 visages d'Isabelle Huppert

 

Propos recueillis par Renaud Saint-Cricq

FIN OCTOBRE, à New York, la scène artistique consacrait déjà le talent d'actrice d'Isabelle Huppert à travers une pièce de théâtre, « 4,48 Psychose ». Et jusqu'au 5 décembre, le Moma rend également hommage à la muse des photographes, beaucoup moins connue du grand public, avec une exposition de quatre-vingt-cinq portraits d'Isabelle Huppert, pris sur les trente dernières années par les plus grands photographes. Co-organisée dans le cadre d'un hommage mondial que rend le ministère français des Affaires étrangères à la comédienne, l'expo doit arriver à Paris en janvier avant de voyager dans six autres capitales. Des portraits qui font aussi l'objet d'un beau livre, publié aux Editions du Seuil. Doisneau, Cartier-Bresson, Bourdin, Newton... vous avez travaillé pour les plus grands photographes. Vous aimez poser ? Isabelle Huppert . J'ai du plaisir à le faire. Ce n'est pas le même exercice qu'au cinéma ou au théâtre, mais je m'amuse beaucoup. On peut se dire qu'il s'agit de 85 regards posés sur le même sujet. Mais ce n'était pas prévu au départ. En fait, ça révèle surtout l'univers des photographes. Moi, je suis plutôt une passeuse. Cette exposition n'est pas centrée sur moi. Elle raconte aussi l'histoire des photographes et de la photographie. Vous êtes allée les chercher ces photographes, ou sont-ils venus à vous ? Ça dépend. Toutes ces photos ont été faites dans des circonstances différentes, sur les tournages, pour de la mode ou pour des journaux. Pour beaucoup de photographes, j'ai provoqué les rencontres. D'autres ont eu envie et m'ont appelée. Quand on est actrice, la photo est l'une des manières d'être représentée. Mais ce n'est pas de l'exhibition. Ces photos, qui ont été prises sur de nombreuses années, racontent une intimité. Le côté « ambassadeur » à New York, ça vous plaît ? Je ne suis pas du tout ambassadeur. Mais c'était bien de pouvoir y présenter mes films et mes photos d'un côté, et quelque chose d'actuel comme ma pièce de l'autre. En plus, j'aime beaucoup cette ville. Elle est vivante, il y a une liberté et une créativité assez extraordinaires. C'est le bon côté des Etats-Unis.