Un "Festival" Pour Isabelle Huppert Toute Seule!
Ciné-Revue, Mai 1980
Trois films représentant trois pays au festival de Cannes, un autre film à peine terminé, un cinquième en plein tournage : décidément, Isabelle Huppert est une jeune femme bien occupée !
On redoute par moments que la langue ne se mette à fourcher et qu'on ne se mette à parler du Festival Huppert en évoquant celui de Cannes S'agit-il de « Loulou », le dernier film de Maurice Pialat? Gérard Depardieu y donne la réplique à Isabelle Huppert. C'est « Sauve qui peut », avec Jacques Dutronc et Nathalie Baye, qui est projeté? Dès les premières images du film qui marque le retour de Jean-Luc Godard au cinéma, les taches de rousseur de la mignonne Isabelle apparaissent à l'écran! Passons aux co-productions franco-étrangères Un film de femme, celui de la Hongroise Marta Meszaros, « Les Héritières»: Les capellines et les violettes de l'immédiat avant-guerre dissimulent mal les mêmes taches de rousseur, le même regard d'enfant effrayée dans un monde d'adultes
Une différence, pourtant : si celui de Cannes ne dure que deux semaines, le festival Isabelle Huppert est, lui, permanent! Le fait d'avoir figuré comme une grande dans la sélection de trois pays, c'est déjà de l'histoire ancienne ! Le passé récent, c'est «Heaven's Gate», le film d'ores et déjà considéré comme le plus cher de l'année, qu'elle vient de tourner sous la direction de Michael Cimino, le réalisateur de «Deer Hunter», avec Kris Kristofferson comme partenaire. Quant au présent, c'est Rome, où Isabelle doit incarner la demi-mondaine Marguerite Gauthier, désespérément amoureuse du bel Armand Duval On l'aura deviné, le petit visage secret et les taches de rousseur d'Isabelle inspirent décidément Mauro Bolognini qui tourne actuellement une nouvelle version (ce ne sera que la cinquième ou sixième ) de « La dame aux camélias », d'après le roman d'Alexandre Dumas fils
Elle n'en finit par broder, la petite dentellière.
Par Jacques Montfort