ISABELLE HUPPERT

 

Biographie inédite (par Thierry Rouault-Le Nan)

 

Une enfance entre Ville-d'Avray et Vienne

Isabelle Huppert est née le 16 mars 1953 à Paris. La petite Isabelle est élevée à Ville-d'Avray par un père dirigeant d'entreprise de cofffres-forts (et voyageur passionné) et une mère, grande joueuse de piano enseignant l'anglais. Elle est également entourée de trois soeurs et d'un frère. Caroline et Elisabeth deviendront réalisatrices et la troisième soeur, Jacqueline, est maintenant professeur d'économie. Son frère, Rémi, est écrivain mais il est également un bon pianiste comme sa mère.. Les parents font voyager leurs enfants, les emmènent voir de nombreuses pièces de théâtre et des expositions. Isabelle mène finalement une vie bourgeoise et fort culturelle.

une petite écolière

La cadette de la famille Huppert n'est pas spécialement une "petite fille modèle" mais plutôt du genre chipie. C'est avec Caroline qu'Isabelle est la plus proche. Caroline s'occupe de sa petite soeur, la guide dans ses jeux, lui fait des habits pour sa poupée. La complicité entre les deux soeurs se reportera plus tard au cinéma avec le film "Signé Charlotte" jouée par Isabelle et mis en scène par Caroline.

Isabelle à sept ans avec sa maman

Les rêves de la petite Isabelle sont très éloignés du cinéma. Elle lit "La petite sirène" et "La petite marchande d'allumettes", elle est à la fois gaie et angoissée. Il lui arrive de ses poser des questions fortes voire métaphysiques... Elle s'interroge sur ce qui arrive après la mort et demande à sa mère si elle dînera avec Napoléon et d'autres grands personnages de l'histoire ! Isabelle a peur de la mort, de l'au-delà, de la nuit, du noir et des étoiles ce qui paraît étonnant pour une future star !

 

Isabelle rêvait de devenir puéricultrice ou patineuse mais pas du tout actrice. Sa maman avait une amie autrichienne, championne de patinage. Elle retrouvait Vienne l'été où elle se rendait à la patinoire en métro. Elle avoue pour la revue Femme (n° 153) : "Je m'entraînais. Bien sûr, j'étais nulle, sinon ce ne serait pas drôle. Mais je faisais comme si j'avais un avenir possible". "La Pianiste" film d'Haneke, tourné à Vienne comporte plusieurs scènes près d'une patinoire. On voit l'actrice courir maladroitement sur la glace. Isabelle volait-elle au secours de son enfance ?

Isabelle à deux ans

Bien sûr la famille Huppert allait au cinéma. Les premiers films dont Isabelle se souvient sont "Le triporteur" (avec Darry Cowl) et "Lafayette". Pourtant, elle préfère la musique et la chanson. Toute petite déjà, Isabelle chantait énormément. A la fin des repas elle entonnait des couplets avec une grosse voix, une voix très forte qui ne collait pas avec son physique d'enfant menue.

Isabelle a six ans

 

Les débuts d'une actrice... "intellectuelle" ?

Adolescente, Isabelle est poussée un peu par sa maman vers le théâtre. Elle est inscrite au Conservatoire de Versailles et obtient le premier prix d'interprétation. Elle se sent encouragée par ce succès. Mais elle ne lache pas ses études et décroche son baccalauréat. Isabelle passe une licence de russe à la faculté de Clichy. Elle s'inscrit au Conservatoire d'Art Dramatique, à Paris. Dès lors, les premières propositions lui parviennent : une figuration dans "Faustine et le bel été" (1971) de Nina Companeez, une courte aparition dans un téléfilm sur Proust (1971) et une dramatique télé de Claude Santelli, "Madame Baptiste" (1972), d'après Maupassant dans laquelle elle joue le personnage de Gilberte Swann. Isabelle Huppert est diplômée et grande lectrice. Elle passe pour une "intellectuelle" aux yeux des journalistes qui adorent collée des étiquettes. Mais Isabelle s'en moque, elle déclare : "Je préfère passer pour une intellectuelle que pour une imbécile" (Femme n° 153).

 Le cinéma s'éprend d'Isabelle. Elle montre son joli minois dans "César et Rosalie", de Claude Sautet. Dans ce film, elle incarne la petite sœur de Romy Schneider. Dans "Le bar de la fourche", Isabelle Huppert a la chance de tourner aux côtés de l'inoubliable interprête de "Ne me quitte pas".

Son nom deviendra populaire grâce aux "Valseuses" de Bertrand Blier, où elle incarne une adolescente bourgeoise tentée par le dévergondage sexuel.

 

En 1974, Isabelle tourne pour la première fois à Hollywood dans "Rosebud", sous la direction d'Otto Preminger. Aux Etats-Unis, elle effectue également une tournée théâtrale avec "L'avare".

 

Grâce au film de Bertrand Tavernier "Le juge et l'assassin", Isabelle reçoit le prix Suzanne-Bianchetti, qui récompense alors les meilleurs espoirs.

 

Isabelle Huppert n'a que 23 ans quand elle joue dans"La dentellière", film qui connaît un extraordinaire succès. Ce succès permet à Isabelle d'être plus sélective dans les rôles qui lui sont proposés. Claude Goretta, le réalisateur du film a offert à Isabelle un véritable cadeau avec ce rôle d' introvertie. Elle joue si bien qu'elle rencontre la consécration. En 1977, l'étoile d'Huppert monte très au dans le firmament du cinéma.

 A Cannes : une étoile est née.

En 1978, Isabelle reçoit le prix de la meilleure actrice à Cannes pour sa prestation dans le "Violette Nozière" de Chabrol.

En 1979, elle tourne "Loulou" de Pialat. Ce film lui permet de rencontrer à nouveau Gérard Depardieu, véritable "monstre" du cinéma français. La même année, elle part à Hollywood pour y tourner "La porte du paradis", de Michael Cimino. L'échec commercial du film devient historique. Les conditions de tournage furent éprouvantes pour les acteurs (interdiction totale de parler français à qui que ce soit). Déçue, Isabelle Huppert revient en France pour démarrer une nouvelle aventure cinématographique, celle de "Sauve qui peut (la vie)"avec Jean-Luc Godard.

 

En 1980, Isabelle incarne la "Dame aux camélias" de Bolognini. Ce rôle de femme à la destinée tragique sied au talent d'Isabelle, et préfigure sa future interprétation de madame Bovary.

En 1981, elle retrouve Bertrand Tavernier pour jouer dans "Coup de torchon". "Passion" tourné en cette même année est un sentiment qui semble animée la belle Isabelle envers le cinéaste suisse puisque avec ce film elle retrouve Godard.

 

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